Le thème du retrait en capital (au lieu de la rente) préoccupe le secteur. Selon les statistiques sur les nouvelles rentes, en 2023, pour la première fois, davantage de nouveaux retraités ont retiré leur avoir de vieillesse sous forme de capital au lieu de la traditionnelle rente.
Dans les commentaires publiés à ce sujet, on évoque souvent le risque que les retraités consomment prématurément l’argent retiré et deviennent ensuite une charge pour la collectivité en tant que bénéficiaires de PC. Il n’existe toutefois pas d’autres exemples que ceux qui sont anecdotiques. Il est possible que ce risque existe, mais on aimerait en savoir plus avant d’intervenir.
Le Conseil fédéral ne semble pas disposé à attendre et prévoit notamment de supprimer les avantages fiscaux liés au retrait du capital dans le cadre de son « programme d’économies ». Les prétendus risques pour les retraités (ou les PC) font partie de la justification de cette mesure.
Les statistiques sur les nouvelles rentes fournissent de nombreuses données sur le sexe, l’âge, les montants, etc. Ce que l’on ne sait pas, ce sont les motivations des bénéficiaires. Le fait que l’avantage fiscal joue ou semble jouer un rôle ressort d’une étude de Monika Bütler et Alma Ramsden, présentée lors de la réunion du réseau CP. Malheureusement, les données sur lesquelles elle se base remontent à près de dix ans et les résultats sont modestes, malgré un effort d’analyse considérable.
En guise de conclusion, on peut lire : « Notre étude suggère que la suppression de l’avantage fiscal pourrait entraîner une diminution des retraits en capital ». C’est une humilité scientifique appropriée, non pas devant Dieu, mais devant la complexité de la question, mais cela n’aide pas à avancer.
Stefan Skaanes de PPCmetrics a livré à la même occasion un brillant plaidoyer contre le capital et en faveur de la rente. Obtenir un rendement sur le capital comparable à un rendement moyen peut s’avérer plus difficile que prévu, surtout si l’on suit la stratégie axée sur la sécurité recommandée par PPC à ses clients.
La liste des risques énumérés par Skaanes est si longue que tout assuré devrait en fait perdre immédiatement l’envie de retirer son capital. On peut l’oublier et se limiter aux deux conditions qui, selon lui, suggèrent à l’inverse un retrait en capital : 1) on dispose d’une fortune de plusieurs millions ou 2) on souffre d’un cancer et on a une espérance de vie résiduelle de quelques années.
Lors de la discussion qui a suivi, Lukas Müller-Brunner, directeur de l’ASIP, a souligné que cette vision simpliste des choses était peut-être un peu trop simple. Il y a par exemple les salariés qui construisent une maison dans leur pays avec leur capital ou une partie de celui-ci. Ou bien on a un conjoint avec une bonne retraite et on fait le proverbial tour du monde avec l’argent de la CP ou on s’achète la Ferrari tant attendue, tant que cela n’est pas interdit, sans pour autant courir immédiatement un risque de pauvreté.
En d’autres termes, le débat sur le sujet se limite trop souvent à des hypothèses non confirmées qui, aussi plausibles soient-elles, manquent de substance. Malheureusement, malgré leur souci du détail, les données statistiques ne disent rien sur le pourquoi et le comment du retrait du capital devenu si populaire. Les motifs restent en grande partie dans l’ombre. Ils sont bien sûr aussi différents d’un cas à l’autre que les conditions individuelles, mais il serait possible de déterminer certains éléments de base.
Cela devrait être fait auprès des caisses elles-mêmes. Un autre des innombrables sondages téléphoniques sur le thème de la prévoyance ne permettrait guère d’obtenir des informations fiables. Ce serait peut-être un sujet pour l’ASIP. Les réflexions de Müller-Brunner lors de la journée du réseau CP pour une approche différenciée étaient importantes. Et : lorsqu’une augmentation d’impôt est justifiée en tant que protection pour la personne concernée, il y a dans tous les cas matière à scepticisme.
Peter Wirth, e-mail