imagePour Martin Roth, président de l’Association suisse des institutions de prévoyance, la prévoyance professionnelle fait face à des défis fondamentaux. S’il minimise l’impact de la chute de Credit Suisse sur l’écosystème, il se montre moins optimiste sur le sort de la réforme LPP21.

La réforme telle quelle a été votée vous paraît-elle s’inscrire dans cette vision à long terme?
En partie seulement. Le mécanisme transitoire de compensation de l’abaissement du taux de conversion n’est pas soutenable. Non seulement parce qu’il n’est pas juste, mais aussi parce que sa mise en œuvre s’annonce très complexe, d’un point de vue technique, et coûteuse. Il va peser sur les actifs alors même qu’il n’est pas nécessaire tel quel: prévoir que 50% des assurés touchent une compensation pendant quinze ans n’a aucun sens, alors que tout au plus 20% d’entre eux sont concernés. L’objectif initial – aider les gens qui auraient perdu de l’argent à cause du nouveau taux de conversion – a été perdu de vue. C’est le résultat d’un compromis politique et non d’une rationalité économique.

Ce compromis serait-il une raison suffisante pour soutenir le référendum et voter contre la réforme?
Peut-être mieux vaut un compromis que pas de réforme. Même si ce compromis est loin d’être idéal, car il incorpore un prix du politiquement correct de la révision du taux de conversion qui ne se justifie pas. Cette réforme est absolument nécessaire, il n’y a aucun doute, elle conditionne la pérennité du modèle helvétique de prévoyance que le monde entier nous envie, pour de bonnes raisons. Si elle ne passait pas, ce ne serait pas un bon signe. Cela signifierait que le 2e pilier est en danger. Ce serait la victoire des partis politiques qui souhaitent fusionner les premier et deuxième piliers. La réforme 2020 a déjà été rejetée, un nouvel échec ébranlerait le système. Sauf à ce qu’il permette une approche plus ciblée, qui est très possible, à mon avis.

  Le Temps