Avec l’avènement de sa dimension générative et ChatGPT, l’intelligence artificielle s’immisce dans notre vie privée comme professionnelle, mais également dans tous les pans de l’économie. L’IA pourrait bien aussi transformer progressivement le secteur de la prévoyance professionnelle suisse, au même titre que toutes les activités nécessitant un niveau élevé de compétences. Marlène Rast, Responsable Stratégie Prévoyance au Groupe Mutuel, écrit à ce sujet dans Le Temps:
Les possibilités offertes par l’intelligence artificielle au bénéfice des caisses de pension, des assurés ainsi que des entreprises affiliées paraissent sans frontière. Cependant, le cadre réglementaire flou qui régit actuellement le monde de l’IA mènera logiquement au défi majeur de son adoption: la qualité, la sécurité et la confidentialité des données.
Disposer de données de qualité optimale est un prérequis essentiel, l’IA n’étant pas performante sans données fiables. Sur le plan éthique, la transparence des algorithmes et la protection de la vie privée suscitent aussi des interrogations.
Est-il notamment fiable de confier des décisions financières et des données sensibles à des machines? Des garanties strictes à ce sujet sont donc impératives, tout comme une gouvernance adaptée et une réflexion collective sur les usages acceptables.
On en viendrait presque à oublier le contrôle humain, qui prend alors une importance particulière afin de ne jamais laisser décider seule la machine. L’IA redéfinira donc le rôle des professionnels, imposera un renforcement des compétences et modifiera la nature des informations échangées entre l’institution de prévoyance et l’assuré.
Grâce à l’IA, les conseillers et gestionnaires pourront à terme se décharger des tâches répétitives et chronophages pour se concentrer sur la valeur ajoutée des contacts avec les employeurs affiliés et les assurés. L’IA sera donc un atout pour le conseil, mais se substituera difficilement à l’empathie!
Dans le monde de la prévoyance professionnelle, comme dans d’autres, il semble nécessaire de profiter des possibilités offertes par l’IA tout en ne négligeant pas la prise de décision et la proximité humaines.
Optimisation des stratégies d’investissement, surveillance proactive des risques et personnalisation des conseils: l’intelligence artificielle ouvre sans doute, à plusieurs niveaux, un nouveau chapitre dans le monde de la prévoyance professionnelle suisse.
Avec ambition et un fort potentiel de développement, son intégration progressive apporterait son lot d’avantages tangibles tant pour l’efficience des institutions de prévoyance que pour le développement de solutions innovantes destinées aux assurés et employeurs. Mais elle en est encore à ses prémices et le boom de l’IA générative pourrait révolutionner le domaine en profondeur.
Le Temps
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