Les caisses de pension se portent bien. Les taux de couverture sont actuellement d’un peu plus de 120% en moyenne pour les caisses privées et de 115% pour les caisses publiques entièrement capitalisées. La bourse est en plein boom et la BNS abaisse son taux directeur, ce qui les pousse encore plus loin. Les taux d’intérêt techniques restent très bas et semblent s’y maintenir. Il en va de même pour les taux de conversion. En d’autres termes, c’est le meilleur des mondes pour les caisses. Les Américains appellent cela Goldilocks. Tout est parfait chez Goldilocks.

Il n’est donc pas étonnant que des demandes d’amélioration des prestations pour les assurés soient formulées. Et lorsque le PK-Netz ecrit : «Les caisses de pension en pleine forme», on ne peut qu’approuver. Seulement, la volonté de décider d’améliorations des prestations sous forme d’augmentations de l’UWS ne semble pas très grande.

Cela n’est pas dû à la mauvaise volonté des caisses de pension, mais à l’attitude prudente des conseils de fondation. Les représentants des salariés ne se comportent pas différemment de ceux des employeurs. Ils agissent peut-être même avec plus de prudence. Ils ne touchent guère aux taux de conversion, parfois très bas. On ne sait jamais… Qui sait de quoi demain sera fait ?

La cause – pas la seule, mais peut-être la plus décisive – est à chercher du côté de la garantie des rentes. Cette garantie exclut en grande partie les retraités des obligations d’assainissement et des baisses de pension. La rente accordée est garantie à vie. C’est bien pour eux – mais cela a des conséquences.

Les garanties ne sont pas gratuites. Pour la machine à laver, elles sont incluses dans le prix d’achat. Pour la rente, elles sont intégrées dans le taux de conversion en tant que marge de sécurité. Dans les «caisses LPP» comme l’institution supplétive, la garantie est financée par une redistribution et une surfacturation des prestations de risque.

Tout cela est connu, mais la garantie des rentes est sacro-sainte. Dans sa forme stricte actuelle, elle remonte à la première réforme de la LPP de 2005. Un assouplissement est combattu par les mêmes cercles qui exigent aujourd’hui des améliorations des prestations. Mais il est compréhensible que les conseils de fondation hésitent à décider d’améliorations de prestations garanties avec des effets sur 20 ans ou plus. Ils sont soutenus dans cette démarche par leurs experts. Il est recommandé d’accorder des prestations supplémentaires temporaires, comme une 13e rente, en fonction de la situation.

La flexibilisation possible aujourd’hui est limitée aux nouvelles rentes et aux caisses avec des prestations surobligatoires élevées. Critiquées en tant que «rentes chancelantes», elles se heurtent à un refus catégorique de la part des syndicats et les caisses sont réticentes à les introduire. Il en va de même pour d’autres formes de prestations flexibles.

Ce n’est pas rendre service aux assurés. Celui qui insiste sur la garantie et ce, sur la base d’un taux de conversion absurdement basé sur la loi, doit également en accepter les conséquences. En tant qu’assuré, Goldilocks ne peut pas être heureux avec cela.


Peter Wirth