L’ère des taux d’intérêt ultra-bas, voire négatifs, est révolue. Les caisses de pension ont bien surmonté cette phase difficile pour elles, ce qui a rarement été remarqué et rarement loué. Les taux d’intérêt techniques ont été réduits de 4 pour cent, qui étaient encore la norme jusqu’en 2001, à 1,5 pour cent en moyenne, et les taux de conversion pour les hommes sont passés de 7,2 à environ 5,2 pour cent au cours de la même période, selon une étude de Swisscanto, sans que les prestations n’aient pour autant diminué dans la même mesure, voire même pas du tout. Des augmentations de cotisations, des subventions des employeurs et une grande partie de la redistribution ont toutefois été nécessaires. Les véritables mesures d’assainissement pour cause de sous-couverture sont restées relativement rares.

Mais cela ne signifie pas qu’il faille s’attendre à un retour à la situation d’il y a 15 ou 20 ans. En ce qui concerne les taux de conversion, le creux de la vague n’est plus très loin, et la moyenne des taux d’intérêt techniques semble déjà remonter légèrement. De manière générale, on devrait toutefois rester au niveau bas atteint dans un avenir prévisible.
Josef Bachmann lors d’un dialogue en ligne avec IZS et Stephan Wyss lors d’une manifestation organisée par inter-pension à Zurich ont tous deux déclaré que les caisses ne se contenteraient pas de maintenir leurs taux d’intérêt très bas, mais qu’elles devraient le faire. Pour Wyss, la redistribution ainsi réduite, même si elle n’est pas totalement surmontée, ainsi que la «vérité du bilan» retrouvée comptent parmi les avantages de l’évolution actuelle.

Selon le président de l’IZS, M. Bachmann, qui a présenté sous le titre «Rafraîchissement du 2e pilier» des réflexions sur le renouvellement de la prévoyance professionnelle en dehors de la réforme de la LPP et du taux de conversion, les taux très bas offrent la chance de faire participer de manière flexible les actifs et les retraités aux futurs excédents, tout en conservant la stabilité financière acquise. Les actifs avec des augmentations supplémentaires des avoirs de vieillesse, les retraités avec des suppléments extraordinaires aux rentes, par exemple sous forme de 13e versement. Et les deux intervenants mettent en garde les caisses de pension contre le fait de s’engager à nouveau pour des décennies avec des taux de conversion plus élevés.

Il n’est pas surprenant qu’une telle argumentation ne reste pas sans réponse. Lors de la manifestation inter-pension, Iwan Deplazes, responsable Asset Management de la ZKB, a émis des réserves quant au maintien de taux de conversion bas. Il doute que cela serve vraiment les assurés. Il semble plausible que la pression pour obtenir des rendements élevés diminue ainsi.

Ces dernières années, les TCA en vigueur ont entraîné une forte augmentation des retraits de capitaux, ce qui est préoccupant et ne va pas dans le sens du 2e pilier. C’est pourquoi, dans les nouvelles conditions, il faudra à nouveau chercher un compromis entre les exigences contradictoires de sécurité d’une part et de bons rendements du capital ou de bonnes prestations d’autre part.

La stabilisation de la situation de financement, qui est au premier plan depuis de nombreuses années, devrait être moins dominante. Les prestations de retraite doivent en tout cas être plus élevées que ce que l’assuré moyen peut attendre d’un placement personnel si l’on veut que le 2e pilier reste attractif et conserve sa raison d’être.

Peter Wirth, e-mail

PS. La newsletter n° 500 a suscité toute une série de réactions très motivantes pour son auteur. Je me permets d’en reproduire quelques-unes ici. Que tous ceux qui m’ont écrit soient encore une fois chaleureusement remerciés.