Premier constat, si le taux minimal retenu est de 2%, il couvrira à peine l’inflation. Il sera en outre de 1,2 point (120 points de base!) inférieur au taux actuel des emprunts à 10 ans de la Confédération, placement réputé sans risque. Quant aux 2,75% offerts cette année, ils ne devraient permettre qu’un maigre rendement réel de 0,25%, car le renchérissement moyen devrait être de 2,5%.
Cette prudence apparaît donc extrême, du moins de prime abord. Parmi les experts en caisse de pension, personne ne remet en effet fondamentalement en cause le fait que les marchés financiers ne permettent en principe pas de donner plus que les taux prévus cette année.
Jacques de Saussure: «Il est plus facile de niveler le rendement par le bas»
Le Temps: Faut-il supprimer le taux minimal?
Jacques de Saussure, associé de Pictet & Cie: Le défaut du système, tel que je le comprends, est que ce taux minimal est valable pour tous et qu’il ne doit pas poser de problème. Si l’Etat impose un minimum, celui-ci ne peut pas être ambitieux et doit tenir compte du fait que certaines caisses peuvent être moins bonnes que la moyenne. Il est plus facile de demander un rendement un peu trop bas plutôt que de risquer de voir un petit pourcentage de caisses devant faire l’objet d’un assainissement. Par conséquent, on nivelle par le bas. Et par là, on induit un comportement peu ambitieux des acteurs. C’est cela qui est un peu dommage.
Réforme totale proposée
«Il faut entièrement revoir le système des retraites», estime Ulrich Grete, qui officiait jusqu’à fin 2007 comme président du Fonds de compensation de l’AVS. Partant du constat que la rente assurance vieillesse moyenne est actuellement de moins de 2000 francs par mois, il remarque que de nombreuses personnes âgées ne disposent aujourd’hui pas du minimum vital, évalué à 3000-3300 francs par mois. Et cela même avec le complément que leur assure le 2e pilier.
Ulrich Grete préconise par conséquent de porter les rentes AVS à 3000 francs au moins, «car le rôle de l’Etat est d’assurer le minimum à ses citoyens», a-t-il expliqué au Temps. Le 2e pilier deviendrait du même coup facultatif.