Tribune de Genève: En pleine crise du coronavirus, un prof de l’Uni de Zurich critique les conditions imposées pour la gestion d’une fortune du 2e pilier de plus de 900 milliards.

Des experts du second pilier s’empressent maintenant de démentir ou de nuancer la pertinence de cette analyse. «Les caisses de pension suisses doivent, bien entendu, tenir compte de leur capacité à assumer des risques. Aucune directive ne leur impose toutefois de vendre leurs actions au plus mauvais moment. Nos membres ont en outre réalisé une excellente performance l’an dernier. Celle-ci leur a permis de constituer des réserves. Elles peuvent aujourd’hui être utilisées pour amortir les conséquences liées à la crise du coronavirus», estime Yves-Marie Hostettler, représentant romand de l’Association suisse des institutions de prévoyance (ASIP).

David Pittet, consultant spécialiste du 2e pilier, relève en outre la possibilité de déroger aux règles prévues dans l’ordonnance sur la prévoyance professionnelle (OPP2): «C’est relativement facile. La législation suisse se révèle en effet très libérale. Il est néanmoins fondamental qu’un fonds de pension gère ses risques et ses placements de manière équilibrée.» La pression sur les assurances retraites reste donc sérieuse. Les actions ont toujours été considérées comme des investissements risqués. Et puis comment se fier aux marchés financiers?

Juste avant l’exercice fulgurant de l’an dernier, avec une hausse de plus d’un cinquième pour les actions suisses, européennes et américaines cotées, ce fut un recul de 2,8% en 2018. Les 1562 caisses de pensions du pays avaient pourtant prévu, en moyenne, une hausse de 3%. Elles ont certes déjà amorti l’an dernier leur revers de 2018. Mais la superbe performance de 2019 devrait-elle encore permettre d’amortir les conséquences liées à la crise du coronavirus? Comment ce type d’épreuves à répétition peut-il contribuer au rendement nécessaire au financement des retraites?

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